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Parole libre de l'Anocr 73

Nos membres et autres s'expriment

 Analyse du Général Jean Marie FAUGÈRE sur nos Armées.

Analyse lucide de la responsabilité de la classe politique, tous bords confondus, sur l'état de notre armée par le général d'armée (2S) Jean-Marie FAUGERE, ancien inspecteur général des armées.

Avec vingt ans de retard, les autorités françaises se rendent compte qu’elles ont sacrifié la défense de la patrie sur l’autel du management. Les chefs militaires avaient beau parler, on ne les écoutait pas. Est-il trop tard ?

La guerre est aux marches de l’Europe ou, plus précisément, à celles de l’Union européenne, ce grand marché qui pensait, il y a peu encore, que l’avenir appartenait à l’économie et à la finance mondialisée, annihilant à jamais les ferments de guerre.

Reviennent en écho à cette réalité brutale les avertissements de deux anciens très récents chefs d’état-major des armées qui ont démissionné de leur fonction respectivement en 2017 et en 2021, décisions inédites sous la Ve République ; l’un disait en substance qu’il devenait insupportable que le budget des armées soit la perpétuelle variable d’ajustement du budget de l’État ; l’autre constatait simplement que nos armées n’étaient que des armées de « temps de paix ». Autrement dit, incapables de conduire des guerres modernes contre un « ennemi » bien doté et armé.

Ainsi, nos « élites » redécouvrent depuis peu les vertus de l’institution militaire et l’intérêt de posséder des armées bien équipées et aussi entrainées à la nature la plus rude d’un conflit que l’on puisse supposer. Mais aucune d’entre elles ne témoignera des alertes, des avertissements lancés par ces mêmes chefs militaires et laissés sans suite, promptes qu’elles seront à les renvoyer à leur responsabilité si les évènements leur donnaient raison.

Le 17 février dernier, avant l’irruption de la Russie en Ukraine, le rapport parlementaire présenté par Mme Patricia Mirallès et M. Jean-Louis Thériot sur « la préparation à la haute intensité » de nos armées renchérissait remarquablement sur un sujet aussi grave. (pm : https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/cion_def/l15b5054_rapport-information). Mais… il intervenait vingt ans trop tard !

L’état de nos armées

En effet, les effets inconsidérés – mais prévisibles – des « dividendes de la paix », slogan navrant de couardise et d’aveuglement politique des années 90, affectent encore durablement les capacités opérationnelles de nos armées au regard des perspectives d’une guerre de haute intensité telle qu’elle se pratique aujourd’hui sous nos yeux en Ukraine.

Après la dissolution du Pacte de Varsovie le 1er juillet 1991, les armées françaises furent contraintes de réduire leur format et de se voir amputées des ressources financières nécessaires pour les entretenir et les moderniser : dissolution de plus des deux tiers des régiments de l’armée de terre, diminution de plus de la moitié de l’effectif de la marine et de l’armée de l’air, diminution par deux des crédits d’investissements (les programmes d’armement). Paradoxalement, ce qui semblait n’affecter aucun responsable politique, les armées se trouvaient de plus en plus engagées sur des théâtres d’opérations extérieures pour lutter contre le terrorisme ou participer aux missions de maintien de la paix ou humanitaires, ensemble auquel vint s’ajouter en 2015 l’opération Sentinelle sur le territoire national… 

L’incohérence est notoire dans ces mouvements contradictoires, qui aurait dû sauter aux yeux du dernier des néophytes en ce domaine à la lecture des Livres blancs sur la défense et la sécurité nationale de 2008 et 2013. Ceux-ci, dès 2008, notaient l’accroissement des risques et des menaces, proposaient de multiplier les interventions armées sur les lieux de crise, tout en réduisant formats, budgets et contrats opérationnels – passés, pour l’armée de terre de 50 000 hommes en 2000 à 15 000 hommes en 2013, selon une pente dont le terme d’ailleurs n’était annoncé à quiconque, ni même aux armées…

Il faudrait revenir au Livre blanc sur la défense de 1994 qui décrivait, en maintenant la conscription, les formats des armées et qui retenait six scénarios d’engagement possibles dont un scénario du type de celui qui se déroule actuellement, à savoir la résurgence d’une menace existentielle. Malheureusement, les recommandations de la Commission de l’époque en charge de son élaboration ont été balayées d’un revers de main, moins de deux ans après l’approbation du Livre blanc par l’exécutif du moment, par l’annonce de la suspension du service militaire décidée par un nouveau président dont la vision stratégique relevait davantage de l’intérêt de court terme à portée électorale, sans doute.

Si l’on conçoit que nous pouvions « baisser la garde » après 1991, dès nos interventions en ex-Yougoslavie et au Kosovo (1998), il devenait clair que les « dividendes de la paix » avaient vécu ; tromperie coupable illustrant l’absence de vision stratégique de nos gouvernants comme de ceux de l’Union européenne, leur manque de culture historique et militaire conduisant au déni de la réalité des rapports entre nations et des signaux pourtant clairs depuis vingt ans en de nombreux domaines : réveil de la Russie, montée en puissance de la Chine, de la Turquie, les désordres amenés par les printemps arabes. On peut généraliser cette situation à l’ensemble des pays européens toujours soumis à la tutelle nord-américaine, sous l’emprise de l’Otan notamment et des « vertus » cachées de la mondialisation.

La voix des chefs militaires n’est plus entendue depuis cette époque de la « fin de l’histoire ».

Pour faire face à la situation du jour d’une manière crédible en matière militaire, il nous manque vingt ans de délai, nécessaires à une réelle remontée en puissance des armées et non selon sa caricature actuelle qui dénote cependant un effort méritoire envers nos armées mais largement sous-dimensionné pour répondre aux désordres du monde. Vingt ans, toutes choses égales par ailleurs, c’est le temps incompressible pour former un commandant de régiment ou de bâtiment de guerre ou d’unités aériennes, mais aussi pour reconstituer des unités de combat et leurs supports logistiques. C’est aussi et encore le délai que demandera la reconstruction d’un outil industriel de défense trop rapidement congédié. Songeons que l’armée française est tributaire d’entreprises étrangères pour son armement de petit calibre – celui du fantassin – et les munitions associées. L’Afghanistan nous en a administré la leçon, à nos dépens, dès 2008… C’est aussi le délai pour concrétiser massivement la dotation des unités opérationnelles en systèmes d’armes, reconstituer des stocks de maintenance de matériels ou alimenter les dépôts de munitions et les réserves. D’autant plus que nos armements sophistiqués, tributaires de composants électroniques souffrent, là encore, de nos dépendances industrielles et technologiques extérieures quand elles ne sont pas extra-européennes.

Parallèlement, l’entraînement – parfois jusqu’au niveau de l’unité élémentaire – a lui aussi été négligé, les formations étant dispersées entre de multiples théâtres d’opérations de crise en raison de leur faible nombre et peinant à se reconstituer après chaque intervention. La « haute intensité » n’étant plus l’actualité des crises vécues, l’entraînement qui lui était dû n’a jamais pu se réaliser faute de temps et de moyens. D’autant que les crédits n’étaient pas au rendez-vous pour le faire, pour restaurer les matériels durement sollicités sur des théâtres à la nature agressive. Les matériels pour l’armée de terre notamment, la plus atteinte, n’étaient pas disponibles, ni même présents dans leurs unités en raison d’une « gestion des parcs » mise en place pour pallier la faiblesse des crédits de maintenance. Sans oublier la rareté des crédits alloués aux munitions nécessaires à l’entraînement qui concourait à sa disparition.

Plus cruelle est, à mon avis, la leçon majeure de cette situation d’infériorité avérée et de dépendance : la voix des chefs militaires n’est plus entendue depuis cette époque de la « fin de l’histoire ». Non seulement l’attention des politiques ne leur est plus acquise mais, pire, elle a inhibé la parole de la hiérarchie militaire et interdit de fait le rôle d’alerteur de ceux qui connaissent le tragique de l’histoire et possèdent la vision stratégique. Combien de fois ai-je entendu dans les réunions de cabinets « le pire n’est pas certain » ou encore « c’est politique », ce qui nous signifiait de rester à notre place dans un rôle de technicien de la crise armée – car on ne parlait plus de guerre. Le commandement a été infantilisé par cette attitude condescendante et méprisante à la fois. Il faudrait pouvoir relire les procès-verbaux des conseils de défense depuis vingt ans, hautement classifiés évidemment, pour faire justice aux chefs militaires, de ce déni d’écoute de la part de ceux qui croyaient savoir.

Trop de réformes incongrues sans vision prospective

Il est désarmant – sans jeu de mots – de lire, aujourd’hui, dans un rapport parlementaire ce que demandaient depuis longtemps les chefs militaires, en vain. Certes, il y a eu le petit sursaut post-attentats de 2015 qui mit une fin – perçue comme temporaire à ce moment – à la déflation du personnel, puis un effort louable mais foncièrement insuffisant avec l’actuelle loi de programmation militaire votée en 2017, dont le véritable effort financier n’est prévu qu’à compter de… 2023 ! Il ne faut pas oublier également les nombreuses réformes structurelles d’organisation depuis la professionnalisation des armées : mutualisation entre armées, civilianisation des soutiens et de l’administration, externalisation encore de fonctions de soutien dit de métiers « civils », redéploiement des responsabilités budgétaires sous l’emprise de la Loi organique relative aux lois de finances (LOLF) de 2001 mise en œuvre à partir de 2006, révision générale des politiques publiques appliquées aux armées avec brutalité à partir de 2008, enfin la nouvelle gouvernance du ministère de la Défense en 2013 qui dépossédait les chefs militaires de nombreuses responsabilités laissées alors aux mains d’une administration civile mettant en position de « clients » les armées face à des « fournisseurs » (l’administration et les soutiens) qui ne répondent pas aux chefs militaires de leurs lacunes et de leurs défaillances. Pas plus d’ailleurs que Bercy ne saurait être mis en cause par ceux qui habitent la haute fonction publique dans ces vagues de réformes qu’il initiait très adroitement sans en porter aucune responsabilité. Toutes ces réformes ont dissipé la disponibilité et la réactivité de nos forces pour un engagement massif, obéré leur autonomie d’action sur les théâtres, supprimé les réserves comprises comme superfétatoires au motif d’inutiles doublons ou d’une redondance coûteuse de moyens.

Dans un tel contexte de rejet de la puissance militaire, et sans le secours d’études prospectives élémentaires, il est alors aisé de se gargariser de notre dissuasion nucléaire pour justifier tous ces abandons successifs. Mais c’est oublier que même celle-ci se trouve fragilisée dans le contexte du jour, car la faiblesse de notre outil conventionnel a contribué à abaisser considérablement la crédibilité associée au seuil de l’emploi de la menace de l’arme nucléaire. Les forces conventionnelles participent aussi de la dissuasion, mais leur faiblesse et leur niveau dérisoire jouent aussi contre celle-ci, car elles ne sont plus en mesure d’élever le seuil d’intervention de la menace d’une frappe nucléaire de rétorsion.

La double illusion d’une Europe de la défense et d’une Otan protectrice

L’autre sujet mis en avant par cette guerre demeure l’absence d’union entre Européens sur les questions de défense. L’Europe de la défense n’a jamais existé, mais l’illusion des petits pas commis en la matière depuis la chute du Mur de Berlin ne peut masquer la déshérence militaire généralisée des membres de l’UE. Et ce ne sont pas les « outils », échantillonnaires à l’origine, comme la Brigade franco-allemande (1989) ou le Corps européen de Strasbourg (1992) qui peuvent prétendre apparaître comme un embryon de défense européenne. Si nos armées semblent en meilleure posture que celles de nos alliés européens, là aussi, il faudra vingt ans avant de restaurer – ou plutôt créer – une Europe occidentale en mesure de se défendre par ses propres moyens. Encore faudrait-il une volonté politique à 27 ou même à moins qui, jusqu’ici, ne s’est jamais manifestée, en dépit des efforts des présidents français, il faut bien le dire. Mais cette Europe de la défense ne pourra reposer que sur l’alliance d’armées nationales, donc des nations, car on ne meurt pas pour une entité abstraite et désincarnée. Un soldat accepte de mourir pour défendre son sol et les siens ; l’exemple de l’Ukraine aujourd’hui en livre une parfaite démonstration. Pourquoi celle-ci ne vaudrait pas pour chaque nation européenne ? Le merveilleux est que les mêmes beaux esprits qui encensent le président Zelensky et le peuple ukrainien pour leur résistance à l’ennemi sont les mêmes qui nous ont refusé jusqu’ici de tels élans envers une cause et une défense purement nationales… 

À ce vide européen, l’Otan pourrait servir d’alibi. Sans doute est-ce l’espérance de nombreux parmi nos concitoyens ; c’est déjà la posture intellectuelle de nos alliés européens, à commencer par l’Allemagne, puis celle des nouveaux entrants dans l’Alliance atlantique de l’Est européen. Là encore ce n’est qu’illusion, le masque de l’Otan cachant les démissions européennes. Cette Alliance militaire ne repose dans les faits que sur l’armée américaine. La somme des faiblesses des États membres de l’UE ne peut constituer une force, mais bien au contraire une faiblesse collective encore plus grande. Le réveil de l’Europe de la défense n’est qu’un leurre à court terme et il ne faudrait pas croire en un sursaut. La décision allemande de doubler son budget militaire – on parle de 100 milliards d’euros –, pour méritoire qu’elle soit, n’est qu’une réaction épidermique strictement limitée à l’Allemagne et sans trop de concertation avec ses partenaires européens ; on peut douter d’ailleurs de cet effort et de ses effets sans que soient considérés les aspects industriels liés à la volonté d’un réarmement, d’une part, et la possibilité d’accroître les formats des composantes de son armée sur un vivier de recrutement limité, déjà par la dénatalité de ce pays, comme pour d’autres nations européennes d’ailleurs, d’autre part. Sauf à avoir recours à nouveau à la conscription…

Gérer  les armées comme une entreprise

Nous sommes tous devant un défi de très court terme qui n’aura de solution désormais que dans le long terme si les évènements nous en laissent le loisir. Sur un plan strictement militaire, le monde occidental s’est privé de pouvoir tenir un langage de fermeté réaliste et pragmatique – si tant est qu’il était légitime, car les torts ukrainiens sont aussi bien réels – face aux revendications russes. Et Vladimir Poutine le sait depuis longtemps. Mais le temps nous manque pour faire face aux obligations actuelles, en dépit des mesures relatives aux sanctions européennes – économiques, financières et bancaires – qui ne sauraient soutenir ni même renforcer un discours politique dont la crédibilité se trouve fortement entamée par la faiblesse militaire de ses auteurs. Le président américain annonçant qu’il n’enverrait pas de troupes en Ukraine – ce qui relève du bon sens, outre-Atlantique – parvient du même coup à détruire tout espoir en l’Otan, puisque les États-Unis sont son seul crédit en matière d’action militaire.

Pour revenir au cas français, en conclusion, la seule lecture du plan du rapport parlementaire en question illustre parfaitement les manquements et les lacunes de l’outil militaire d’aujourd’hui. On a voulu « gérer » les armées comme une entreprise, hommes et matériels, avec les habituels arguments de réduction de coût : pas de stocks, des flux tendus, davantage de personnel civil réputé être moins coûteux en rémunération. Avec la volonté politique et administrative clairement affichée de séculariser une institution qui s’y opposait en prônant la constance d’une spécificité ou plutôt d’une singularité dénoncée comme d’un autre temps mais aussi dangereuse pour les valeurs républicaines. Les conséquences sont là : il serait facile dans de telles conditions de mettre en cause le « commandement » devant si peu de clairvoyance pour avoir laissé se dégrader les capacités de nos armées en médiatisant un ensemble de constats illustrant les mauvais choix ou l’incurie de la hiérarchie au travers de priorités viciées qui ont conduit à la situation actuelle. 

Il faudra un jour écrire l’histoire de cette période désastreuse de laisser-aller général. Il faudra en montrer les vrais responsables devant le peuple français, ceux qui ne croyaient plus à la guerre, ceux qui ont abusé de l’argument de la nécessaire réduction de la dépense publique, ceux qui ont promu la sécularisation des armées pour en diminuer l’impact dans l’appareil d’État et pour en effacer la singularité au mépris de l’histoire.

Interwiew du GBA Jean-Vincent BRISSET, adhérent ANOCR

Chasseurs de 6e génération : l’Otan demande aux Européens de «s’aligner» sur les USA

Par Maxime Perrotin

Les futurs systèmes de combat aérien américains et européens devront pouvoir communiquer et agir de concert, exige le commandant suprême de l’Otan en Europe. Au-delà de la volonté états-unienne de réaffirmer son ascendant sur ses alliés européens, c’est un enjeu de puissance de l’Occident face à l’émergence de concurrents asiatiques.

Les Américains vont-ils donner le «la» aux programmes de chasseurs de 6e génération européens? C’est a minima une forme de coopération entre industriels du Vieux continent et Américains que semble appeler de ses vœux le commandant suprême des forces de l’Otan en Europe (SACEUR).

«Il est important de s’assurer que ces nations ont un certain degré d’alignement stratégique et de transparence, à mesure qu’elles avancent et qu’elles examinent les ressources dont elles ont besoin pour réussir avec le potentiel de la 6e génération», a notamment déclaré le général Tod Wolters, lors d’une conférence organisée le 9 juin par The Atlantic Council, un think tank américain.

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Le monument aux soldats morts en opex (bientôt ?) dans le Jardin Noir du parc André-Citroën

Voilà que l'on reparle du monument en hommage aux soldats morts pour la France en opérations extérieures.

Le sujet était, dès la semaine dernière, à l'agenda de Jean-Marc Todeschini, le secrétaire d'Etat chargé des anciens combattants et de la mémoire: "Mercredi 6 avril, 16h30: Entretien avec Anne Hidalgo, maire de Paris, pour évoquer l’installation en 2017, au parc André Citroën, du monument en hommage aux soldats Morts pour la France en opérations extérieures. Hôtel de Ville de Paris."

Réunion fructueuse, semble-t-il, suivie d'une autre rencontre, hier mercredi 13, en présence de Philippe Goujon, maire du XVe arrondissement de Paris. Jeudi, une autre rencontre était annoncée avec le général de corps d’armée Bruno Le Ray, gouverneur militaire de Paris.

L’Est Républicain publie le témoignage d’un colonel lorrain qui revient sur cette mission de l’armée française en Centre-Afrique.

Son récit prend aux tripes. Le colonel Didier leurs raconte l’enfer centrafricain comme s’il y était encore. «Chacune de mes conférences se termine par une « standing ovation ». Comme si les gens découvraient la violence de cette mission », s’étonne l’ancien chef de corps du 16e bataillon de chasseurs de Bitche.

L’opération Sangaris en Centrafrique s’est achevée le 31 octobre, dans l’indifférence générale qui l’a accompagnée pendant ses trois ans d’existence. Un déficit de notoriété qui tranche avec les dommages dévastateurs générés dans les rangs par cette Opex (opération extérieure). « Au retour, la moitié de ma section a quitté l’armée », confie un gradé lorrain sous couvert d’anonymat. « Les syndromes post-traumatiques sont plus profonds et importants qu’en Afghanistan », reconnaît le colonel Leurs, qui a vécu les deux théâtres.

De juin à octobre 2014, en plein pic génocidaire, il a dirigé à Bangui, la capitale, un groupement tactique interarmes. La mission la plus complète qu’il ait jamais connue sur le plan stratégique : « Il y avait tous les jours des défis logistiques à relever et des choix à opérer, compte tenu du peu de forces dont nous disposions vis-à-vis des besoins. Mais je n’ai eu que des héros. Jamais personne n’a reculé. » 

Les chiffres qu’il égrène sonnent pourtant comme autant de rafales de balles : « En quatre mois, on a eu 34 engagements armés, 20 opérations de fouilles durant 9 à 10 heures chacune, sous tension extrême, quatre blessés et 27 évacués, dont certains pour des syndromes post-traumatiques. 

C’était éprouvant. » Chaleur humide, matériel de 40 kilos à porter quotidiennement, conditions ultrarustiques en début de mandat, les organismes ont morflé : « Même si l’on est entraîné pour ça, on est allé au-delà de nos limites. Notre seule journée de repos a coïncidé avec notre engagement le plus dur ! »

Mais c’est surtout le psychisme, dans cette mission de maintien de la paix sans ennemi identifié, qui a été mis à rude épreuve : « Passer quatre mois non-stop en zone urbaine, au coeur de la population, est inédit. » « Le soldat est en permanence sous l’emprise de cette pression. Ne jamais disproportionner la réponse requiert un effort de chaque seconde pour éviter toute catastrophe stratégique. »

Et ce alors que les tensions entre seleka musulmans et anti-balaka chrétiens donnent lieu à des exactions d’une rare sauvagerie, pouvant aller jusqu’au cannibalisme : « On a eu affaire à l’horreur tous les jours et ça, on ne s’y habitue jamais. »

Un cumul de difficultés difficile à absorber pour les troupes. S’y ajoute le manque de reconnaissance : « Les soldats ont mis quotidiennement leur vie en jeu là-bas. Quand ils rentrent, personne ne sait ce qu’ils y ont fait, même pas la nation. Et les médias n’évoquent ce théâtre que pour parler d’abus sexuels encore en cours d’instruction. » Le décalage interpelle le colonel Leurs, fier du bilan français : « Quand on est arrivé, c’était la loi du plus fort et le chaos. On laisse à l’Onu un pays en voie de normalisation. »

Cet article nous est transmis par notre camarade michel Gay

Référence : Bulletin ANOCR n° 460 janvier 2015, dossier d’actualité “Le syndicalisme dans les armées, une avancée sociale ou un danger ?”.

Bonjour,

Tout en étant d’accord avec les conclusions de l’article du Gal Chauvancy, je voudrais vous apporter l’éclairage suivant  issu d’une expérience unique (je crois), notamment en réaction à la déclaration de Frédéric Mathieu de la CGT : “Les militaires sont des salariés comme les autres”.

NON.

Il y a quelques années, alors que j’étais militaire d’active (LCL), j’avais envisagé de travailler à temps partiel pour des raisons personnelles, comme cela se pratique dans d’autres armées européennes.

J’ai donc fait une demande officielle qui est remontée au Conseil supérieur de la fonction militaire (CSFM) par la voie hiérarchique. Quelques semaines plus tard, j’ai reçu la réponse suivante que j’ai trouvée parfaite dans sa formulation :

“Un civil reçoit un salaire qui est le prix du travail. Un militaire perçoit une solde qui est le prix du sang, et le sang ne se partage pas. Un militaire est soldé non pas pour le travail accompli mais pour être disponible et obéir, y compris au péril de sa vie”.

Cette réponse limpide répondait exactement à ma question et, bien plus, elle révélait précisément pour moi le statut de militaire (dont les fondements doivent encore reposer principalement sur des textes datant de Napoléon).

En effet, lorsque je demandais à mon entourage pourquoi un militaire percevait “une solde” et non un salaire, personne n’était capable de m’apporter une réponse . 

Un chef d’entreprise n’a pas le droit de mettre en péril la vie de ses salariés, alors qu’un chef militaire le peut dans le cadre de la mission de défense des intérêts de la France que l’État lui a confiée.

Un salarié peut recourir à un droit de retrait en cas de danger, alors qu’un militaire ne le peut pas. Il est préparé à affronter le danger, y compris à tuer, au péril de sa propre vie. C’est même son devoir, si sa hiérarchie le lui ordonne.

J’ai bien entendu abandonné ma demande de “travail à temps partiel”.

Je “perçois” aujourd’hui une “pension” pour service rendu à l’État après une “carrière militaire” de 25 ans, et non une “retraite” en compensation d’un travail fourni.

Cordialement.

 

Allocution du général d'armée Pierre de Villiers à l'Ecole militaire, le 19 juin 2014.

Mon général, Mesdames, messieurs,

C’est un réel plaisir pour moi d’être parmi vous aujourd’hui : je garde un excellent souvenir de mon année à l’IHEDN au sein de la 56èmepromotion, la meilleure bien sûr.

L’IHEDN, c’est une synthèse originale, entre des auditeurs venus de tous horizons professionnels, sans s’être choisis, pour croiser leurs expériences, confronter leur réflexion, remettre en cause leurs certitudes, et avancer ensemble. Le premier atout de l’IHEDN, c’est sa richesse humaine. C’est ce creuset singulier.

Mais l’IHEDN est bien plus que cela. Il a vocation à rayonner dans notre société, pour éveiller les esprits sur les enjeux de notre défense. Le second atout de l’IHEDN, c’est son potentiel de rayonnement, et ce potentiel, c’est chacune et chacun d’entre vous.

Pour ces deux raisons, sa richesse humaine et son potentiel, mis au service de notre défense, je crois en l’IHEDN. Continuez à partager vos analyses, à créer, à proposer, à faire vivre vos réseaux !

Aujourd’hui, je ne vais pas reprendre ce que vous avez reçu toute l’année. Je voudrais plutôt vous parler de mes préoccupations de chef d’état-major des armées.

Outre les relations internationales militaires, qui constituent une dimension transverse de mes activités, en tant que CEMA, j’ai en réalité deux grandes responsabilités.

Par le Général (2s) Vincent DESPORTES

publié le 15 juin 2014

Association de Soutien à l’Armée Française (ASAF)

 Agir sous la pression

Les Français viennent d’apprendre, avec effarement, que le ministre de la défense avait brusquement décidé d’un plan pour l’amélioration des conditions de vie des soldats de la Force Sangaris en Centrafrique : il en suivra « personnellement la mise en œuvre » et ne renoncera « ni sur ce point, ni sur un autre ». Qu’on le fasse, c’est souhaitable, mais qu’on soit obligé de le dire ! Qu’il soit ainsi avoué, candidement, que les nombreux passages du ministre et de son staff sur le théâtre d’opérations (ou les avertissements répétés des chefs militaires) ne lui ont jamais permis de se rendre compte que les conditions de vie des soldats français étaient indécentes, est proprement ahurissant.

Lettre mensuelle de l'asaf 13/10

« Ne pas subir » (Maréchal Jean de Lattre de Tassigny)

Madame, Monsieur,

Voici la lettre de l’ASAF du mois d’octobre. Elle dénonce certains propos, erronés mais récurrents, relatifs aux choix cruciaux en cours pour l’avenir de notre Défense. L’ASAF estime de son devoir d’informer les Français.  Ils doivent connaître la vérité au-delà des discours officiels et des slogans.  Ils doivent comprendre les enjeux pour agir vers leurs élus et leur rappeler que la Défense de la France est le premier devoir de l’Etat.

Dans le contexte de menaces montantes et multiples que nous connaissons, se prépare, de façon masquée, l’affaiblissement inéluctable et irréversible de nos forces armées. L’ASAF propose donc à ses nombreux lecteurs et sympathisants de la rejoindre afin de peser davantage sur les décisions à venir qui engageront l’indépendance de la France et la protection des Français pour la décennie à venir.

Très bonne lecture Bien cordialement

Henri Pinard Legry

Armées : une désinformation orchestrée ?

Le texte de présentation du projet de loi de programmation militaire (LPM) et les propos de certains relais d’opinion illustrent la désinformation dont les questions militaires sont l’objet.

Des propos qui masquent la réalité 

« Le président de la République a pris la décision de sanctuariser notre effort de Défense ». 

Il serait plus exact d’écrire « geler notre budget de Défense » car l’effort de Défense se mesure au pourcentage du PIB qui lui est consacré. Or celui-ci va baisser mécaniquement puisque le budget de la Défe nse sera maintenu de 2014 à 2016 à son niveau de 2013 en euros courants c’est-à-dire sans intégrer l’inflation.

Cote d'alerte ! L'éolien et le photovoltaïque vont conduire la France vers le chaosénergétique et financier.

Par Michel Gay 02 décembre 2012

(Dans ce texte, le sigle "EnR" représente les énergies renouvelables, particulièrement les éoliennes et les panneaux photovoltaïques, hors hydroélectricité).

Il faut cesser de se faire leurrer par des groupes de pression et de se bercer d'illusions : les éoliennes et le solaire photovoltaïque (EnR) sont nuisibles à la production électrique et aux intérêts de la France.

Des discours lénifiants sur les possibilités "mirifiques" des éoliennes et du photovoltaïque ont engourdi le jugement de certains fonctionnaires et responsables politiques: ils sont atteints du syndrome du homard.

En effet, un homard jeté vivant dans une eau bouillante réagit vivement et saute hors de la casserole. En revanche, si on le place délicatement dans de l'eau froide et qu'on chauffe doucement, la température de l'eau monte lentement en engourdissant les réflexes de défense jusqu'à ébullition. Le homard est cuit en douceur.

Un arsenal technique, sous forme d'une documentation abondante et largement suffisante, existe pour montrer tous les avantages du nucléaire pour le développement économique de la France et aussi tous les graves inconvénients, notamment socio-économiques, des éoliennes et du photovoltaïque qui conduisent directement au chaos énergétique et à l'appauvrissement des Français.

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