ANOCR AG 2017 Adresse aux autorités
Messieurs les officiers généraux, mesdames, messieurs les présidents d’associations, chers amis.
Notre assemblée générale, cette année, se tient dans un lieu nouveau, certes plus moderne et adapté à nos activités, mais un peu moins prestigieux que le CNA ; nous en gardons cependant une certaine nostalgie et pour quelques-uns d’entre nous un regret certain.
Elle se tient aussi en limite de la période de réserve politique c’est-à-dire au beau milieu d’une campagne électorale intense et même assez inédite sous certains aspects.
Nous venons de passer ensemble une journée d’amitié, de cohésion et de réflexion.
Il en ressort un certain nombre de constats, un bilan et des exigences.
LES CONSTATS
I - Comme toutes les associations équivalentes, nous rencontrons des difficultés récurrentes de recrutement malgré des campagnes ciblées et le dévouement de tous mais
dont les résultats ne sont pas à la hauteur de nos ambitions. L’ANOCR reste quand même une belle association de 8 000 adhérents répartis sur le territoire national, dont la vitalité est intacte et qui le démontre dans tous les domaines où elle exerce ses talents.
II - Ce maillage très complet nous permet de porter secours à nos camarades dans le besoin et surtout à nos veuves qui composent environ 30 % de nos effectifs ; il nous permet aussi de faire entendre notre voix auprès des nombreux élus locaux et nationaux que nous côtoyons régulièrement. L’engagement de nos camarades se fait de plus en plus intense et la demande est forte d’implication dans l’évolution actuellement chaotique de notre société.
III - La campagne électorale actuelle suscite parmi nous des sentiments que je qualifierais pudiquement de mitigés. Et pourtant je ne cesse de pousser chacun d’entre nous à s’engager, à aider nos représentants élus par nos avis et nos conseils et à ne pas les mettre tous dans le même panier car le dévouement à la chose publique est noble, certes, mais bien fragile parfois.
IV - Nous avons aussi constaté que les problèmes de défense n’ont été abordés que bien tard dans la campagne. Ainsi faire tout de suite des 2 % du Pib un objectif budgétaire comme si cela était l’alpha et l’oméga nous parait aussi être bien court, même si les finances conditionneront la réalisation des
capacités nécessaires au succès d’une politique nouvellement définie.
UN BILAN
L’époque est au bilan, il ne serait donc pas hors de propos de tenter d’en établir un nous aussi.
Dans un contexte très évolutif marqué par la montée du terrorisme sur le sol national, ces dernières années ont connu de fortes évolutions aussi dans la vie des associations.
I - Je retiens comme point positif l’évolution des structures de concertation concernant les retraités au sein du ministère, en effet le Conseil Permanent des Retraités Militaires figure maintenant dans le code de la Défense et nous pouvons y défendre valablement nos droits. Ce même Conseil a désigné ses représentants au sein du Conseil Supérieur de la Fonction Militaire, auquel nous appartenons, établissant ainsi un lien fort entre les actifs et les retraités de notre institution. Nous n’avons cependant pas pu faire progresser comme nous l’aurions voulu le dossier d’un statut des veuves, mais ces instances devront s’y atteler sous notre impulsion.
II – Une pause dans la déflation des effectifs est enfin intervenue, bien que fort tardivement et sous la pression d’événements tragiques, mais la multiplicité de nos engagements persiste encore et pèse d’un poids fort lourd. Une revue stratégique s’impose qui doit permettre
l’émergence d’une politique claire, dont nous ne méconnaissons pas la difficulté, dans un environnement profondément renouvelé depuis peu (OTAN, Brexit, Trump, Russie, Syrie, Libye, Sahel ….).
III – La vie du lien Armée-Nation demande beaucoup d’efforts qui doivent être partagés.
Depuis quelques temps, l’un de ses volets est difficile à faire vivre, puisque depuis 5 ans les associations membres du CPRM ne sont plus reçues par la Commission de la Défense de l’Assemblée Nationale alors qu’auparavant l’habitude s’en était installée. Je souhaite que ce dialogue, constamment recherché par nous, soit à nouveau établi.
Les liens avec le Sénat, quant à eux, se sont intensifiés et l’écoute que nous y avons trouvée est, elle, de qualité.
NOS EXIGENCES
I – Nous souhaitons tout d’abord que les militaires soient reconnus et impliqués à bon niveau dans les instances de décision et de direction du ministère de la Défense dont ils ont été trop souvent et petit à petit évincés ces dernières années.
II – Nous attendons avec impatience que les candidats déclarés et leurs équipes s’impliquent dans une réflexion approfondie et dans un dialogue continu avec les responsables militaires afin de définir au plus vite les missions
des forces armées et mettre en chantier une loi de programmation militaire d’une durée calquée sur le mandat présidentiel.
III – Le lien armée-nation est essentiel lui aussi à la solidité de la société. Le chantier de la Garde Nationale qui vient à peine d’être lancé parait prometteur dans ce domaine comme dans celui de l’organisation du soutien complémentaire des forces de sécurité sur le territoire national.
Cela vient de vous être exposé avec talent par le colonel DURAND du Secrétariat Général de la Garde Nationale et je l’en remercie à nouveau.
Un tel chantier ne peut réussir que dans la continuité, nous attendons là aussi des prises de position rapides.
IV – Nous souhaitons enfin que les veuves de militaires disposent d’un statut solide qui les conforterait en cette occurrence tragique. Nous avons abordé ce problème au sein du CPRM et, par cette voie, allons faire en sorte que le CSFM se saisisse de ce délicat problème.
CONCLUSION
Mesdames et messieurs, ainsi va la vie de notre pays à laquelle nous souhaitons apporter notre pierre, conscients de la difficulté qui se présente aux futurs responsables que nous allons bientôt élire.
Nous continuerons de les soutenir dans leur action en partenaires sérieux et responsables mais aussi en porte-paroles exigeants de citoyens qui ont toujours porté des valeurs de dévouement au service de la nation.
Je vous remercie de votre attention.
Michel Olhagaray